Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de cheminoha : Lignes de vie
  • : Constatations, réflexions, étonnement au jour le jour, sur un chemin de vie. Mots d'humeur en rapport à la citation, "Le véritable voyage n'est pas d'aller vers d'autres paysages, mais d'avoir d'autres yeux". Coïncidences, hasards,éclairs de lucidité, destin.
  • Contact

Citation C.G.Jung

DSCF7227

Ce qu'on ne veut pas savoir de soi-même finit par arriver de l'extérieur comme un destin.

Recherche

Citation : Proust.

Le véritable voyage n'est pas d'aller vers d'autres paysages, mais d'avoir d'autres yeux.BW117b-Douce-euphorie.jpg

7 novembre 2011 1 07 /11 /novembre /2011 09:55

Deuxième marche, nous partons d’un chalet pour le refuge de Miage pour y passer la nuit. La montée se fait dans les arbres et les prairies parsemées, la pente est raide rapidement, nous sommes réduit à 10 seulement, le groupe s’est réduit car 4 personnes n’ont pas voulu accompagner. Je suis le plus âgé et le plus lent, je dois faire des efforts pour respirer et calmer les battements de mon cœur, pour le calmer. Je respire profondément et cherche le rythme adéquat. Noël est derrière sécurisant avec son allure d’armoire à glace. Mon pas se stabilise mon cœur prend un rythme confortable, nous échangeons à l’occasion quelques mots mais ce n’est pas évident, le souffle est court.  Mon attention se marque sur le chemin pour bien prendre appui, pour ne pas me laisser surprendre et faire un faux pas, dangereux pour mon dos fragile. Mon lumbago est là, tapis dans les tensions que je sens dans le bas du dos. A un moment donné, une marche très haute est crée par les racines d’un sapin. L’obstacle passé, je me retourne interpellé par sa nature et sa forme. D’énormes racines transversales par rapport au sentier vont vers le pied de l’arbre qui s’élève très haut très droit, majestueux. Sa prestance me couple le souffle, malgré la difficulté, la torsion causée par le terrain, il s’élève droit comme un I. Il me fait penser à la phrase de l’évangile qui dit "Porte ton grabat et marche". Peu importe les maux qui t’occupent, ne les regarde pas, regarde le sens de la marche. Une petite partie du sentier d’alpage, l’impression de tremblement ne revient pas, je me sens à l’aise, plus sur, je suis porté par le sentier, pleinement, je n’ai rien à craindre. Aurais-je laissé passer entièrement le tremblement. Espérons le. Lors d’un arrêt à nouveau pour une fleur, je ressens juste une petite angoisse qui immédiatement laisse la place à plus de calme. Quelques temps plus tard, au fond d’un cirque rocheux, le glacier avec au pied de celui-ci, les chalets. Ma veste et mon corps sont mouillés. La veste du fils empruntée pour l’occasion n’est pas étanche. Heureusement des vêtements secs sont dans des sacs en plastique. Montagnard de pacotille,je n’ai pas l’équipement pluie adéquat, la pèlerine et suis entièrement mouillée. Amateurisme, apprentissage.

Nous enlevons nos chaussures, nos vêtements mouillés pour les faire sécher dans un réduit de 2*2 mètres où brûle un poêle à pétrole. Quelques places sont encore disponibles sur les fils. Le dortoir fait dix places, juste la taille de notre groupe. Les matelas alignés les uns à coté des autres  ont chacun une couette pour la nuit en lieu et place d’une couverture. Spectacle connu des amateurs mais j’en fais la découverte et cela me réjouit d’enfin faire cette expérience longtemps écartées par peur de l’aventure. À la pause chacun partage son expérience intime de la montée. Les racines de l’arbre m’ont vraiment touchées, comme témoignage de la ténacité de la vie, et de son déploiement rigoureux, non troublé et la construction d’un fut d’arbre majestueux malgré les racines oh combien tordues. Plaisir de la chaleur apportée par les vêtements secs. Une heure plus tard, nous sommes dans la salle basse qui sert de restaurant, nombreux. Plusieurs groupes sont présents. Il y a une atmosphère agréable de présence forte et d’humanité comme si la montagne rendait les gens plus solidaires. La table voisine est plus bruyante, très animée, ce sont des habitués. Pour l’anniversaire de l’un, il entonne le chant. « Bon anniversaire! » Toute la salle par symbiose les accompagne dans le chant, il est comme des nôtres, d’une seule voix, tous le fêtent. C’est un moment qui me touche par la magie de la fraternité. La montagne rapproche.

A plusieurs reprises, sur le sentier, les croisements se font dans la politesse et la courtoisie, ce n’est pas comme dans la ville où l’on croise des inconnus, ici, l’on croise des personnes. L’autre est aussi dans l’effort, dans la fatigue, celui qui passe reçoit un mot de sympathie, un bonjour non affecté, véritable, un regard d’encouragement. Nous sommes dans la simplicité, dans la convivialité, l’échange, nous appartenons au groupe par l’effort et l’attention, le respect de l’autre. Etonnant. Après une ballade le long d’une moraine vers le glacier, nous revenons prudemment car les pierres sont glissantes et instables. Elles glissent les unes sur les autres. Echange avec les voisines sur les gens qui entrent dans notre vie à certaines périodes de la vie comme les porteurs d’horizons nouveaux. 

Allongés les uns à coté des autres, nous sommes prêts pour le départ vers le sommeil, pour prendre les forces nécessaires à passer le col qui se découpait à notre gauche, dans le ciel pleins de gros nuages.  Chacun se fait discret et silencieux pour favoriser le sommeil  des voisins. Les sorties éventuelles de nuit ont été préparées car elles se feront dans l’obscurité, présence oblige. Chacun à repéré la porte, la place de la lampe de poche le long de la pleinte. Pourvu que le sommeil des uns et des autres soit profond sinon la nuit sera hachée en tranches. Une sorte de fébrilité m’a envahie, le défi du lendemain, les émotions diverses la fatigue, tous ces inconnus si proches en rang d’oignons. Le sommeil se défile, je le cherche essaye de me calmer mais la fébrilité prend le dessus, je n’ai pas l’impression de tomber dans le sommeil, mes périodes de consciences me semblent trop nombreuses. Est-ce la réalité ou ma nuit est-elle si agitée. Ai-je dormi , oui sans doute mais les nombreuses périodes de conscience de peur à l’affût de tous ces nouveaux bruits font que je ne semble pas avoir dormi. Une fatigue profonde, générale envahi mon corps, je suis mal dans ma peau alors que l’aube s’annonce. L’autohypnose remède de productivité enseignée l’année dernière ne semble pas d’un grand secours. Les escaliers craquent de temps à autre selon les va et vient divers.  Sont-ils les coupables de cette situation.  Ce n’est pas le sommeil du juste, ni une sommeil de bébé, c’est l’agitation du mental. Le réveil est donné, il est temps de passer à la toilette sommaire et au déjeuner. Pas question de me mouiller vu la température et l’inconfort. Tant pis, cela sera pour plus tard. Point de rencontre le chalet sert à présent de point de départ dans tous les azimuts. Le refuge s’est vidé des 40 personnes, chacun reprend sa course vers son destin. Derrière moi, comme un vaste bassin fermé par un glacier au Nord, nous montons vers le col du Tricot, l’espace ressemble a un énorme utérus, notre groupe en sort. Ma tête est lourde, je suis a moitié groggy, peut importe, c’est le départ, il faut suivre le groupe et se mettre en route. Ma place est parmi les derniers de la file, le premier a déjà pris un pas rapide, sa forme le soutient ainsi que son age. En temps que plus âgé, je me lance avec prudence pour y arrivé sans frémir. Le groupe dans sa mise en route se cherche prudemment, prend un rythme agréable,le pas est celui des montagnards afghans à nouveau, synchronisme entre le pas et la respiration pour que l’énergie suive l’effort. Mon cœur après quelques battement sensibles au niveau de la jugulaire semble avoir accepté et trouvé son rythme. Dans ce vaste vallon nous nous accrochons à une paroi tandis que les autres s’éloignent dans la direction opposée.  Pas après pas, virage après virage j’avance mesurant ma peine, prenant appui lentement, suivant les autres, les attendant, comme une chenille, un mille patte l’aurait fait, avance en accordéon, comme sur la route encombrée et bouchonnée peinant tout autant que mes compagnons et compagnes, le nez fixé vers la passe qui apparaît de plus en plus proche. De temps à autre, je regarde vers le bas tant que la pente n’est pas trop raide, les chalets diminuent de taille, deviennent de plus en plus petits comme si on les voyaient du hublot d’un avion. Le lacet se resserre, le sentier n’a plus la même largeur,il diminue sensiblement. La pente est une fois à gauche,une fois à droite,le vertige semble ne plus m’atteindre, je monte et j’avance de manière régulière. Les pieds bien au sol, je m’accroche pour ne pas glisser sur des gravillons instables, je fais partie du sol, je colle à la montagne rempli de confiance sur mes possibilités et mes progrès par rapport aux autres. Altitude du col 2000 mètres. Cela m’impressionne, mais qui n’ai jamais abordé la montagne. Cinq cents mètres presque sur le versant par un chemin en lacet. J’en sors, je vais passer par le col, comme un jour je suis passé par le col de la naissance. D’une journée mère, remplie de pluie, nous sommes entrés dans une journée père, sèche mais pas ensoleillée. Je suis en train de m’accouché, de passer d’une réalité dans une autre, je vais entrer dans la vie, quitter tout ce qui me rattachait à la terre-mère, pour me rapprocher du ciel, je vais passer outre plus Oultre, mon travail d’accouchement se fait lentement en suivant le sentier, minute après minute. Les autres rencontrés à l’occasion sont présents mais distants, c’est un travail personnel, une mise  bas. Le sentier devient plus raide, plus étroit, une source y coule, dans une métaphore qui me touche, c’est la perte des eaux, le moment de passer le col se rapproche.

Retour de Cruy,

 Clin d’œil de la nature a propos de la nuée. L’association se fait à propos de la chanson que ma grand-mère me chantait le soir alors que sur ses genoux nous regardions passer les nuages, chanson ressortie à Lille dans la session "Vivre en liberté". Mémoire de mon grand attrait pour  les cieux moutonnés. En offrant d’une certaine manière à ma fille, le poster d’un tableau de Magritte « La corde sensible » nuage sur un verre à pied immense, j’essayais d’exprimer à nouveau par le symbole la féminité perdue, la féminité, ma jumelle inaccessible. Sur l’autoroute, un nuage lentille d’un blanc éclatant sur fond bleu gris d’orage. La féminité inaccessible à ma fille aussi sans doute car elle comportait un deuil à faire de mon coté. Image d’un rêve fixée dans ma mémoire à propos d’un bloc de glace qui tombe du ciel sur le sol dans la prairie devant la maison familiale où est le grand cerisier. Rêve qui essaye de me dire la perte que j’ai subie. Image lors de la descente du Varan qui revient en mémoire , dans la zone des arbres, le sentier tourne autour d’un bloc rocheux de la hauteur d’un homme. Ma pierre n’est plus dans le ciel, elle est sur le sol. Le nuage quant à lui a rejoint le ciel.

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires